24 Octobre 2019
2004. Des astrophysiciens se grattent la tête devant les images époustouflantes que le télescope Hubble leur présente.
Étrangement, l’une d’elles a un petit air familier : un nuage de gaz et de poussières stellaires leur rappelle un tableau…
Turbulence observée dans les gaz et la poussière interstellaires autour de l'étoile V838 Monocerotis, photo : NASA
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Lequel ? La Nuit étoilée de Van Gogh ! En effet, le ciel agité du peintre est rempli de tourbillons, tout comme le phénomène observé au télescope.
Ce dernier s’appelle une turbulence : on en trouve par exemple dans les vortex formés par l’eau ou les nuages. Mais il y a plus qu’une simple ressemblance entre les deux images…
Une équipe de physiciens veut en avoir le cœur net. Les voilà qui mesurent les propriétés des tourbillons de Van Gogh : intensité lumineuse, couleurs, répartition sur la toile…
Ils passent ces données à la moulinette de leurs équations mathématiques et les comparent aux propriétés physiques des tourbillons naturels. À leur grande surprise, cela correspond tout à fait !
Arp 273, un couple de galaxies en interaction situées à environ 300 millions d'années-lumière de la Terre, dans la constellation d'Andromède, photo : NASA
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Ébahie, l’équipe examine d’autres tableaux. Plusieurs toiles de Van Gogh offrent des résultats similaires… En revanche, les œuvres d’autres artistes, si mouvementées soient-elles, ne donnent rien.
La technique des peintures vibrantes et agitées de Van Gogh est donc unique. Pourtant, l’artiste n’avait aucune idée des lois complexes derrière les turbulences. Elles ont été énoncées bien après sa mort, et les physiciens s’arrachent encore les cheveux dessus !
Vincent Van Gogh, Route avec un cyprès et une étoile, 1890, huile sur toile, 92 x 73 cm, Musée Kröller-Müller, Otterlo
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Les surprises ne s’arrêtent pas là :coïncidence ou non, les turbulences presque parfaites de Van Gogh datent de ses épisodes les plus psychologiquement troublés.
La Nuit étoilée, par exemple, est peinte depuis l’asile dans lequel l’artiste décide de se faire interner après de graves crises. Rien de tel dans ses périodes paisibles. Pourquoi ? Le mystère reste entier…
Vincent Van Gogh, Autoportrait, 1889, huile sur toile, 65 x 54 cm, Musée d'Orsay, Paris
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